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08.07.25

Vers les « nouveaux territoires de l’art », retour sur vingt ans de tiers-lieux en France

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Street Art dans l’Écosystème Darwin, le lieu alternatif de la rive droite bordelaise – @ Adobe Stock / Mark

En ce printemps 2025, la revue scientifique Culture & Musées revient sur la question des tiers-lieux. Ce 45ᵉ numéro nourrit ainsi la volonté d’étendre la réflexion vers « une dimension internationale et européenne, dans une perspective comparative » et d’offrir un éclairage sur l’évolution et l’institutionnalisation ces nouveaux territoires d’art et de culture.

PubliĂ© en 2004, le quatrième numĂ©ro de la revue Culture & MusĂ©es s’intĂ©ressait Ă  la question du rĂ©emploi culturel et artistique des « friches, squats et autres lieux Â» et Ă  l’émergence en France de ces espaces de contestation et de crĂ©ation citoyennes. Ă€ ce moment, les auteurs de ce numĂ©ro rappelaient les difficultĂ©s Ă  reconnaĂ®tre et nommer ces lieux culturels Ă©mergeants, tĂ©moins de leur diversitĂ© et de la volontĂ© de leurs porteurs de « souligner la spĂ©cificitĂ© et la nouveautĂ© de leurs actions refusant tout titre « label Â», ne se reconnaissant plus dans les cadres de l’action publique jugĂ©s trop normatifs Â». Antoine Burret (sociologue indĂ©pendant, spĂ©cialiste des tiers-lieux) le rappelait en 2017, dans sa thèse de doctorat Ă  l’universitĂ© Lumière Lyon 2 : « Il y autant de lieux que de tiers-lieux […] aucune règle n’existe, aucune norme. Â»

 

Vingt ans plus tard, ces espaces intermĂ©diaires se multiplient sur le territoire et connaissent un processus d’institutionnalisation. Bien qu’elles conservent une diversitĂ© de formes et de missions – Ă©co-lieux, cafĂ©s associatifs, fab lab, friches artistiques, hackerspace ou encore cuisines partagĂ©es – ces initiatives sont dĂ©sormais davantage prĂ©sentĂ©es sous l’appellation de tiers-lieu. Une institutionnalisation et une requalification qui ne font pas nĂ©cessairement consensus et qui voient certains acteurs se dĂ©tacher de l’appellation de tiers-lieu, prĂ©fĂ©rant l’appellation « lieu intermĂ©diaire Â».

 

Depuis les années 2010, les instances publiques, et plus particulièrement les collectivités territoriales, se sont emparées de la question des tiers-lieux dans une volonté de redynamiser les espaces ruraux, de recréer du lien social ou de palier la fracture numérique. Pour les pouvoirs publics, les tiers-lieux semblent ainsi offrir un levier de transformation d’une ville ou d’une communauté de communes, pour la rendre plus attractive, tant sur le plan culturel que foncier. Une implantation des tiers-lieux qui n’est pas sans soulever les interrogations et parfois les protestations des habitants des territoires.

 

C’est cet usage par les pouvoirs publics et la « portĂ©e transformative Â» des tiers-lieux sur le territoire qui sont interrogĂ©s dans l’une des contributions de ce nouveau numĂ©ro de Culture & MusĂ©es. RĂ©digĂ©e par Renaud Garcia Bardidia, Mathieu Viau-Courville et PĂ©nĂ©lope Girard, cette contribution s’inscrit dans une collaboration entre l’Ocim et le Crego-Parc, Ă©quipe interdisciplinaire de recherche en sciences de gestion et du management. De dĂ©cembre 2022 Ă  janvier 2024, ce sont onze entretiens semi-directifs et un atelier participatif qui ont entendu les habitants, les Ă©lus et les artistes d’Ormet (nom fictif). Une « petite ville du futur Â», forte de sept tiers-lieux, trente associations culturelles et d’animation, et vingt ateliers d’artistes ou de galeries.

 

Par ailleurs, cette enquête de l’Ocim et du Crego-Parc s’inscrit dans un projet d’étude plus vaste qui cherche à comprendre la manière qu’ont les institutions culturelles et scientifiques de travailler et d’évoluer au sein de leur territoire et de leur environnement. Ce projet, baptisé Dynamique, écosystème, industries créatives et culturelles (Dyneco-ICC), a ainsi fait l’objet d’une contribution dans le numéro 209 de La lettre de l’Ocim.

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